Vaulx en Velin et Villeurbane

Publié le par MBpour Désirs d'Avenir22

Municipales.

La socialiste enjoint le chef de l’Etat à tenir ses promesses de campagne.
 
Olivier Bertrand
Libération: vendredi 15 février 2008

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 Un an plus tard, rien n’a changé. Quand Ségolène Royal se déplace en banlieue, les youyous sont au rendez-vous, les habitants l’accueillent en future présidente, et elle profite du déplacement pour souligner l’absence de Nicolas Sarkozy. En visite hier en banlieue lyonnaise, pour soutenir des candidats socialistes à Vaulx-en-Velin puis Villeurbanne, elle a dénoncé le «vide» du plan banlieue du chef de l’Etat. Et l’a mis au défi de venir s’expliquer «dans un quartier populaire», pour «rendre des comptes» sur «les promesses qu’il a faites».

Mères ravies. Première étape de l’après-midi, Vaulx-en-Velin, aux côtés d’Hélène Geffroy, candidate socialiste face au maire (apparenté communiste), Maurice Charrier. La foule et les bousculades l’attendent. «Laissez passer la Présidente, laissez passer la Présidente», serine un responsable associatif. Elle sourit, serre les mains de mères ravies, et répète : «Je suis avec vous, je ne vous abandonne pas.» L’ancienne candidate à l’Elysée a bien du mal à atteindre les habitants. Un attroupement s’est formé au cœur du Mas du Taureau, quartier emblématique depuis les émeutes de 1990, qui avaient relancé la politique de la Ville en France. «Nicolas Sarkozy, il n’a pas osé venir, lui», souligne une dame un peu âgée. Le président de la République était attendu avec Fadela Amara, le 22 janvier, pour la présentation de son plan banlieue. Le rendez-vous a été reporté et seule sa secrétaire d’Etat à la Ville est venue.

Pour l’étape suivante, dans le quartier des Buers, à Villeurbanne, le maire (PS), Jean-Paul Bret, se fait chahuter par de jeunes habitants qui ont rejoint massivement le Modem. Ils l’accusent de ne s’être ouvert que tardivement à la diversité, «pour les municipales». Une beurette habillée d’un tee-shirt orange siglé «sexy centriste» rigole du chahut. L’élu s’énerve, glisse à son directeur de campagne : «Tu aurais pu gérer un peu mieux !» La troupe rejoint alors un local d’information pour la jeunesse et s’enferme, pour discuter avec des travailleurs sociaux, à l’écart des cris. Derrière la vitre, la foule gronde de ne pouvoir entrer. Ségolène Royal suggère de «laisser entrer M6, c’est l’équipe de Laurence Ferrari». Une éducatrice, très émue, lui indique que c’est la première fois qu’elle voit «une présidente» en vrai. Elle s’explique : «Ben oui, faut que je vous dise, pour moi vous êtes ma présidente. Quand vous avez perdu, j’ai failli faire une dépression.» Ségolène Royal sourit, remercie, et assure que «l’important, c’est de garder l’espoir». Un jeune homme, Hannibal, remarque : «L’espoir, ça fait peut-être vivre, mais ça ne nourrit pas.»

Il est temps de filer vers la troisième étape. Ce ne sera pas Lyon car le maire socialiste, Gérard Collomb, préférait ne pas la recevoir, afin de ne pas nationaliser sa campagne. Tout se passe pour l’instant tellement bien pour lui qu’il préfère ne rien toucher. C’est dans une brasserie de Villeurbanne, donc, que Ségolène Royal confie l’impression de «vide» que lui inspire le plan banlieue de Sarkozy. «La désillusion ne doit pas se transformer en désespoir, ajoute-t-elle, car le désespoir se transforme en violence.» Elle conseille aux «territoires» de voter pour les équipes «de gauche» car elles pourront«combler les manques de l’Etat, avec l’aide des régions socialistes».

Tenir parole. Une nouvelle fois, elle reproche au président de la République de ne pas tenir parole. «Il avait promis un plan Marshall pour la banlieue. Il est où, son plan Marshall ?» Elle souhaite qu’il «puisse venir rendre des comptes sur ses promesses, dans six mois par exemple, dans un quartier populaire». Elle renouvelle plusieurs fois l’invitation, souligne qu’elle vient bien, en personne. Selon elle, les huit premiers mois de Nicolas Sarkozy ont été marqués par «le règle de l’argent facile, de l’exhibitionnisme, du clinquant». Tout le contraire, conclut-elle, «de ce que l’on demande aux jeunes dans les quartiers».

Publié dans Manifestation

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